J’ai grandi parmi des dieux aussi fantoches qu’un air de violon.
J’ai grandi dans les steppes poreuses de vérités . Au dessus de moi trônaient rois et rennes sans teins aux visages effacés par les mots. On m’a apprit a vénérer ce qui est et ce qui ne sera jamais.
J’ai eu des épouvantails de brume comme cadeau et j’en ai fais des armes.
On m’a dit ceci est ton dieu et cela est ta haine. J’ai dis oui car dans le vide on s’attache on moindre rayon de lumière vienne t’il d’une lampe d’un tortionnaire.
Acculé dans le fond de mon puits je suis allongé. J’ai au dessus de moi un ciel bleu gris où aucun nuage ne passe. Rien. J’observe un à un les craquelure de tout les rochers. J’apprends à compter dans l’humidité et dans la merde.
Les dieux m’ont mit là pour me féliciter de mes convictions. Ils m’ont dit bravo quand j’ai eu mal et m’ont applaudis quand je n’ai pas pleuré. Ils ont posé autour de ma carcasse à peine vivante des idoles que je pourrais serrer contre moi pour sourire.
J’arrive à aujourd’hui, allongé dans le fond de mon petit puits. Le baume tiède qui a été posé sur mes yeux à ma naissance se détache et coule en paquet grossier sur mes joues salies. Il colle, il sent. Il a l’odeur de la réalité mâchée et du vomi acide. Je pose mon doigt sur ma joue. On me l’a mit sans me demander mon avis. Cette boue m’a été mise couche après couche jusqu’à ce que l’odeur me semble supportable. Pendant toute ces années à voir sous ces couches. J’ai perdu le goût, j’ai oublié comment voir. J’ai pris les yeux des autres pour deviner comment est le monde.
Les autres qui était avec moi dans ce puits devinrent des rocher insignifiants. Lorsque je les bousculais ou les renversait je ne réagissais pas. Est-ce qu’on s’indigne quand on brise un rocher ?
Ils m’ont dit que se baume résoudrait ma vie, que le monde aurait sa réponse. Que l’absurde et le rien serait la solution au tout qui nous broie. Ils m’ont mentit. L’absurde est la solution que l’on se donne quand donner un sens à exister est trop horrible pour vivre. L’absurdité de tout est la solution au pire, elle est le dernier cri de notre effroi quand fuir ou se battre n’est plus possible. Au sommet du sens réside l’absurde. Il est notre vérité finale dans laquelle nous nous buttons et assassinons. Il est notre ultime négligence. L’aveuglement ultime.
J’en ai brisé des rocher, j’en ai détruit des cailloux. Ils ont peut-être hurlé je ne m’en souviens plus.
Je suis resté immobile à crier des noms et à presser mes idoles jusqu’à les faire pénétrer dans ma chair. J’ai hurlé pour donner un sens aux mots. Je suis resté immobile au fond du puits pour m’attacher aux psaumes. J’ai voulu devenir un apôtre et un martyr qu’on retrouverait des années plus tard. J’ai voulu être un fossile pour faire l’histoire. Plongé dans ma merde et la pestilence j’ai infecté le reste pour qu’il s’en souvienne.
Mon doigt est rapiécé et rachitique. Des cicatrices profondes traversent le long de chacun de mes doigts. Il ont vieillit. Ils craquent quand ils bougent. Ils grattent mon visage. Je ne sens rien. Je le tends loin devant mois pour le regarder. Il est rouge et noir. Il a fait couler le sang de la vérité. Encore une…
Cette boue horrible qui m’a collée tombe enfin dans un floc sinistre. Autour de moi des corps et des vivants. Ils ne flottent pas.
Je n’ai jamais été dans un puits. Je suis ailleurs.
Le puits était aussi un mensonge.
La crasse que je croyais puante se transforme.
Elle devient bleu, rose, verte, jaune et bleu. C’est un liquide luminescent.
L’eau en dessous de moi monte, monte, monte,monte ,monte, monte, monte, monte.
Elle me submerge.
Autour de moi des sons, des grésillements .Ils s’amplifient.
Je tourne un regard vers ma main. Elle n’a plus ses cicatrices.
Je ne suis plus allongé.
Les sons deviennent des voix.
Elles me parlent.
Elles sont chaudes et douce.
J’entends le son du monde.
Il m’appelle.
Enfin.
Je suis gêné, penaud, fatigué.
J’arrive.